Chronique
-Nantes Poche du ET
SI LON TIRAIT UN FIL COMPAGNIE
A FLEUR DE MOTS Les
8, 9 10 mars, Salle Vasse Toute
vêtue de couleurs tamisées, la Salle Vasse sest improvisée cabaret ce week-end.
Installés dans le hall, petites tables, bougies et ambiance chaleureuse ont accueilli la
compagnie redonnaise A fleur de mots. Lors de
trois représentations la troupe sest amusée, avec le public, à « tirer un
fil » entre poésie, théâtre et musique. Dans le dédale sans fin des textes de
Mythèse Morillon, la comédienne centrale du spectacle, Gwenn de Coëtlogon, sest
jouée des mots. Elle a déroulé un fil dAriane entre musicalité et
théâtralité, et donné la réplique à des arrangements sonores de circonstance. A
luvre, Joël Cuny (guitariste), Yannig Robert-Landry (concertina) et Marylin
Edouard (flûte traversière). Bien plus quune simple orchestration décor, les
compositions aux accents folk, qui ne sont pas sans rappeler certains traditionnels
bretons, magnifient la pièce. Ils lui donnent un côté « théâtre de
proximité », de ceux où lespace entre public et comédiens semble anéanti. Et si le
spectacle revêt des aspects de théâtre populaire, cest surtout grâce à
lécriture de Mythèse Morillon. Dans la veine dauteurs comme René-Guy Cadou,
Georges Brassens voire Raymond Devos, sa poésie taquine lauditoire. Elle est
coquine (Effeuillage), simple et touchante (le fil déroulé), tout en se jouant des
contrepèteries et multiples figures de style (Carpe Diem, Les pas). En une quinzaine de
poèmes, toute létendue des subtilités de sa plume est exposée. Une mise en
scène où Gwenn de Coëtlogon fait figure de parfaite maître de cérémonie. Un jeu de
scène très théâtral, où le public voit évoluer la comédienne, entre phrases
murmurées et passages plein demphase. Linitiative de la troupe arrive à point nommé pour tous ceux qui considèrent la poésie comme un art difficile daccès. Avec « Et si lon tirait un fil », la compagnie A fleur de mots réinscrit la poésie dans sa tradition première : loralité. |
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Claire Robin |